LA PLACE DU JEU CHEZ L’ENFANT

Souvent considéré comme un

divertissement ou une simple occupation,

Le jeu constitue une activité essentielle dans le développement de l’enfant.

D’après René Château « le jeu est le travail de l’enfant ».

Il est ce qui permet à l’enfant de se construire non seulement dans son développement personnel mais également dans le lien aux autres.

Le jeu est une activité spontanée de l’enfant, ou elle devrait l’être. A travers le jeu passent énormément d’acquisitions de manière ludique, nécessaires à la construction de l’enfant.

Sur le plan sensorimoteur, l’enfant découvre son corps et l’exploration de l’espace.

Sur le plan cognitif, le jeu contribue au développement du le langage, des représentations mentales, de la mémoire et de la créativité.

Sur le plan social, le jeu va aider l’enfant à d’assimiler des éléments culturels et sociaux qui servent de références communes aux enfants. L’interaction favorise des rencontres qui aident à construire l’identité sociale.

Sur le plan affectif, il permet la décharge les tensions suscitées par des situations difficiles et la régulation des émotions.

Au début chez le bébé, le jeu va passer par l’éveil avec

des jeux sensoriels et moteurs.

Il apprend à ressentir les différentes textures, à saisir les objets, les manipuler, les laisser tomber… Le bébé commence à comprendre petit à petit son environnement. Il expérimente sa possibilité d’action sur les objets qui l’entourent. Il s’exerce à maîtriser ses mouvements et ses gestes et il prend ainsi conscience des contours de son corps. La coordination motrice s’affine et ainsi il va exercer un certain pouvoir sur son environnement. Il investit l’espace en se mouvant dans toutes les directions et il pourra ainsi partir à la conquête d’un territoire de plus en plus étendu.

Les jeux de « coucou-caché » vont permettre à l’enfant d’intégrer l’absence temporaire d’un objet et de mieux appréhender, par anticipation, l’absence de ses figures d’attachements.

Dans les jeux symboliques,

l’enfant fait semblant de jouer comme les « grands » et montre qu’il sait, qu’il comprend le monde en essayant des choses qu’il a vu. Il fait le tri entre la réalité et son imaginaire. Il intègre également les impressions et sensations en se mettant dans la peau d’un « autre ». Par exemple lorsqu’il joue à la maîtresse et qu’il gronde les élèves.

Dans le jeu l’enfant, rejoue ses ressentis, le plus souvent en amplifiant la scène afin de pouvoir comprendre, dépasser une situation blessante et ainsi l’assimiler. Le jeu symbolique permet également d’intégrer les différents modes d’organisation sociale et différencier les rôles de chacun (le papa, la maman, l’enfant…).

Dans les jeux de constructions,

l’enfant met en œuvre sa capacité de créer un nouveau monde tel qu’il le voit. Il met en place des compétences de manipulation, de planification des différentes étapes et de résolution de problème. Par exemple dans la construction d’une maison, il se rend compte qu’il faut mettre les murs avant le toit.

Par la suite l’enfant se met à jouer à

des jeux régis par des règles,

auxquelles il doit se plier. Il développera alors des stratégies de logique, de raisonnement. Il devra apprendre à jouer à tour de rôle, se soumettre aux règles, à négocier et s’entendre avec les autres.

C’est par le jeu que passent tous les préalables des apprentissages cognitifs ultérieurs.

Un enfant qui n’a pas suffisamment joué aura davantage de difficultés à apprendre.

Le jeu est un moyen d’expérimenter, de maîtriser les connaissances, d’accéder au raisonnement et aussi à perdre et supporter les échecs et les surmonter.

Un enfant qui ne veut pas ou ne sait pas jouer est un enfant en souffrance.

Différentes activités lui permettent d’apprivoiser ses peurs, de surmonter ses angoisses en les extériorisant et les maîtrisant. Le jeu contribue à façonner sa personnalité par la créativité. Il permet à l’enfant se surpasser et d’acquérir de la confiance en soi.

Jouer, c’est aussi éprouver un sentiment de contrôle sur son environnement. C’est l’enfant qui décide du thème, du début, de la fin et du déroulement de son jeu. Il ressent une sensation de pouvoir sur les objets et son jeu, il est tout-puissant.

« C’est sur la base du jeu que s’édifie toute l’existence expérientielle de l’homme » D.W. WINNICOTT